Le diagnostic de la maladie de Lyme
Le diagnostic de la maladie de Lyme demeure un défi important alors qu’aucun test sérologique, encore à ce jour, n’offre une fiabilité absolue.
Notion de diagnostic clinique
Il est important de mentionner qu’un résultat de test négatif chez une personne présentant des signes évocateurs de la maladie de Lyme n’indique pas nécessairement que celle-ci n’est pas atteinte. Certaines personnes, notamment celles en début d’infection, peuvent obtenir des tests négatifs, malgré qu’elles soient effectivement atteintes de la maladie. Les analyses sérologiques pour la maladie de Lyme présentent des limites de sensibilité et de spécificité, en plus d’être tributaire de la mise en place de la réponse immunitaire. Ainsi, il est essentiel d’introduire la notion de diagnostic clinique, c’est-à-dire fondé sur l’évaluation médicale du professionnel de la santé. En effet, les résultats de laboratoire ne devraient pas constituer la base principale du diagnostic ni guider à eux seuls les décisions thérapeutiques.[2]
Raisons possibles pouvant expliquer un test négatif chez un patient atteint de la maladie:
Un fait intéressant est qu’en cas de suspicion de la maladie de Lyme, malgré un résultat de test négatif, le CDC américain (Centers for Disease Control and Prevention) recommande de ne pas se fier au test, mais plutôt de traiter sur la base d’un jugement clinique.
Encore faut-il que le médecin consulté envisage la possibilité que vos symptômes soient attribuables à la maladie de Lyme. La triste vérité, c’est que pour l’instant, cette maladie est encore peu considérée par les médecins du Québec.
Afin d’aider au diagnostic clinique, le Dr Horowitz, un médecin de l’État de New-York ayant plus de 25 ans d’expérience avec la maladie de Lyme et ayant soigné plus de 12 000 patients et publié plusieurs livres sur le sujet a créé un questionnaire. Voici l’outil en question qui permet de déterminer la probabilité de la maladie de Lyme et du syndrome infectieux multisystémique qui accompagne la forme avancée de la maladie:
Afin de bien comprendre les tests, il faut savoir qu’il existe deux types de méthodes pour tester la présence de la maladie
Une reconnaissance réglementaire différente
Il est important de souligner que les résultats issus de ces tests effectués à l’étranger ne sont pas officiellement reconnus par les autorités de santé canadiennes. Ils ne peuvent donc pas être utilisés pour établir un diagnostic formel ou orienter un traitement dans le cadre du système de santé public.
Cela dit, certaines personnes atteintes de symptômes persistants choisissent de recourir à ces tests dans un objectif exploratoire, particulièrement lorsque les tests conventionnels ne permettent pas de conclure clairement. Cette démarche ne remplace en aucun cas une évaluation médicale complète, mais peut parfois faire partie d’un parcours personnel dans la quête de réponses.
Nous croyons que le dialogue entre patients, cliniciens et chercheurs est essentiel pour faire progresser les connaissances, améliorer les outils diagnostiques disponibles et assurer une prise en charge fondée sur les meilleures données scientifiques disponibles.
La controverse autour du diagnostic sérologique
L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) fonde ses recommandations diagnostiques sur celles des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis. Selon ce protocole, un test ELISA (enzyme-linked immunosorbent assay) doit d’abord être positif avant d’autoriser la réalisation d’un test Western Blot. Cette approche en deux étapes est appelée sérologie à double volet, bien qu’efficace dans certains contextes, a fait l’objet de critiques croissantes dans la littérature scientifique.
Plusieurs études ont mis en lumière les limites de cette méthode. Par exemple, une revue publiée dans Healthcare en 2019 rapporte que la sensibilité combinée des tests ELISA et Western Blot peut être aussi faible que 53.7%[9], ce qui signifie qu’un nombre significatif de patients infectés par Borrelia burgdorferi pourraient ne pas être détectés par ces tests standards.
Bien que cette méthode soit largement utilisée en raison de sa simplicité, de sa faible complexité technique et de son coût relativement bas, elle n’est pas optimale, particulièrement dans les cas de diagnostic précoce ou d’infections persistantes. Il existe un consensus croissant sur la nécessité d’améliorer les outils diagnostiques pour mieux détecter la maladie de Lyme dans toute sa complexité.
[1] INESSS. (s.d.). Interprétation de la sérologie dans un contexte de symptômes persistants compatibles avec la maladie de Lyme. Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS).https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Biologie_medicale/Lyme_sympt_persistants/Outil_Serologie.pdf
[2] Institut national d’excellence en santé et en services sociaux. (2021). Sérologie à deux volets: Analyse de laboratoire complémentaire à l’établissement du diagnostic de la maladie de Lyme. https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Biologie_medicale/Lyme_sympt_persistants/Outil_Serologie.pdf
[3] Institut national d’excellence en santé et en services sociaux. (2021). Sérologie à deux volets: Analyse de laboratoire complémentaire à l’établissement du diagnostic de la maladie de Lyme. https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Biologie_medicale/Lyme_sympt_persistants/Outil_Serologie.pdf
[4] Dattwyler RJ, Volkman DJ, Luft BJ, Halperin JJ, Thomas J, Golightly MG. Seronegative Lyme disease. Dissociation of specific T- and B-lymphocyte responses to Borrelia burgdorferi. N Engl J Med. 1988 Dec 1;319(22):1441-6. doi: 10.1056/NEJM198812013192203.
[5] Tracy KE, Baumgarth N. Borrelia burgdorferi Manipulates Innate and Adaptive Immunity to Establish Persistence in Rodent Reservoir Hosts. Front Immunol. 2017 Feb 20;8:116. doi: 10.3389/fimmu.2017.00116.
[6] Lencáková D, Stefancíková A, Ivanová R, Petko B. Immune complexes in early Lyme disease. Can J Microbiol. 2007 Dec;53(12):1375-7. doi: 10.1139/W07-105. PMID: 18059570.
[7] Alexis Lacout, Christian Perronne. Maladie de Lyme, tests et traitement : le point sur la controverse A propos de l’inefficacité des tests biologiques et de la preuve de l’existence d’une forme chronique. Archives of Microbiology and Immunology. 8 (2024): 562-581.
[8] INESSS. (s.d.). Interprétation de la sérologie dans un contexte de symptômes persistants compatibles avec la maladie de Lyme. Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Biologie_medicale/Lyme_sympt_persistants/Outil_Serologie.pdf
[9] Cook MJ, Puri BK. Commercial test kits for detection of Lyme borreliosis: a meta-analysis of test accuracy. Int J Gen Med. 2016 Nov 18;9:427-440. doi: 10.2147/IJGM.S122313.